Éteindre l'insomnie

08/02/2020

Veille forcée, la nuit ne finit jamais. Seule dans l'ombre, au loin les bruits des autres. Ceux qui ne dorment pas. Ceux qui ne cherchent pas. Dans mon esprit source jamais tarie, les pensées surgissent à l'infini. Les obsessions montent, se déploient, s'attardent quelques instants. Puis lasses, elles s'effacent pour mieux céder la place à l'interminable cortège de leurs multiples consœurs. Invasives, tour à tour, elles dressent leur siège. Elles établissent leur bastion derrière mon front. Déguerpissent quand bon leur semble, pour mieux ressurgir.

Quand la nuit se fait profonde que la veille se prolonge l'angoisse par vagues monte. Perpétuel et doux, son flux et reflux, est pareil au ressac d'une mer calme. Il enserre et dénoue. Ascendant, il contracte gorge et entrailles, relâche à la descente pour mieux reprendre prise...

Partir à la rencontre de mes pensées. Aller voir ce qui se trame à l'intérieur, tenter de trouver la faille, juguler la récurrence, tarir la source. Stopper les parasites en allant voir ce qui se trame dedans. 

Entrer dans ma boîte crânienne. Par la fontanelle originelle, doucement m'immiscer. M'enfoncer et déambuler au cœur de ma cervelle. Longer mes neurones et me perdre au plus loin de ma nébuleuse. Chercher ce qui nourrit l'infiniment petit. Trouver la source d'énergie, celle qui alimente la zone de presque contact. Le millième de millimètre de la fente synaptique d'où tout surgit.

Quitte à me perdre en ma raison, croire que je peux aller partout, explorer les 10 000 points par lesquels chacun de mes neurones communique avec d'autres. Et, là, au détour d'un axone, trouver l'interrupteur ! 

© images « Plongées au cœur du cerveau » - National Geographic