Imagine !

Vas-y essaie, rien qu'un peu...
Vas-y ferme les yeux.
Tu les entends ? Oui, ça y est, tu les as, tu les sens. Elles battent en toi. Partout ces basses qui résonnent. Partout le vin de ce millésime maudit, qui coule enfin, qui déferle même.
C'est beau, c'est bon, c'est chaud, de ses saveurs et de ses effluves, il emporte avec tant d'autres nectars, cette fête énorme, cette procession mondiale. Monstrueuse, elle se répand en un tumulte qui ne l'est pas moins, au rythme des cœurs et des corps d'une humanité délivrée.
Un carnaval universel. Une rave mondiale. Une coupe du monde que tous les pays auraient remportée. Un déferlement de vie, d'exubérances, de joie qui confine à l'extase partout sur la planète, des mégalopoles aux hameaux les plus reculés.
Hommes et femmes, vieillards et enfants, tous dehors et tous réunis. Et, les bambins du monde entier qui découvrent qu'à l'image de leurs géniteurs, les gens du dehors sont eux aussi dotés d'un nez, d'une bouche et d'un menton quand ils tombent le masque, et qui découvrent aussi que les autres ça se touche, ça s'approche, ça se côtoie, ça se fraternise !
Imagine la cohue énorme, la musique, les rires, les effusions, les embrassades. On s'enlace, on s'embrasse, on échange les verres. Les salles de concert qui rouvrent et inondent tout de leurs décibels rentrés trop longtemps confinés. Portes grandes ouvertes, les musées qui au dehors affichent leurs curiosités. Et puis les restaurants, les bars... Et puis, on danse, on rit, on chante à tue-tête dans cette orgie tellement humaine qu'elle touche au bestial, au fondamental !
Putain, ce serait beau ! Putain ce sera bon !